Taxe Tobin : le prochain (dernier) round

 

Schäuble se fait entendre

 

Lors du dernier sommet du G-20 en Chine, le ministre des finances allemand a plaidé pour une solution mondiale pour la taxe Tobin. Cette initiative en a surpris plus d'un ; il existe encore au sein de l'Union Européenne une dizaine de pays membres en faveur d'une imposition sur les transactions financières, mais la mise en place de cette taxe semblait jusque là impossible. La taille de la base fiscale et la hauteur des taux à appliquer étaient sujets à controverse.

 

Plus d'opposants que de partisans

 

Jusqu'à présent, le Royaume Uni était un des plus fervents opposants à cette idée. Elle sera plus facile à mettre en place sans les britanniques. Avec le Brexit, le sujet est de nouveau à l'ordre du jour. Mais même au sein du groupe des dix "partisans", tous ne semblent pas convaincus. Le ministre des finances belge,  Van Overtveldt, a récemment déclaré de manière explicite qu'il ne trouvait pas l'idée si bonne. Il a même annoncé qu'il tentait de quitter la table des négociations. La Belgique ne négocie plus que pour la forme. Un vent contraire souffle également du côté des banques centrales française et allemande, ainsi que du service juridique du Conseil de l'Union Européenne. D'après eux, la liquidité des marchés financiers baisserait drastiquement si la taxe venait à être introduite. De plus, la taxe nuirait à la concurrence et serait en contradiction avec le droit international.

 

Simple Diversion

 

Selon Sven Giegold, expert financier pour le parti allemand “Die Grünen” auprès du parlement européen, la proposition de Schäuble n'est qu'une tentative de diversion. Bien qu'il soit vrai que Schäuble se soit engagé en faveur de la taxe Tobin, "l'Allemagne est restée passive quand les négociations ont démarré et a même contribué aux difficultés en proposant des exceptions."

 

Schäuble sait très bien que si quelques pays introduisent la taxe Tobin de manière indépendante, les flux financiers se déplaceront davantage vers Londres et New York. Les spéculateurs peuvent être chassés hors d'Europe, mais ce n'est pas pour autant qu'ils disparaitront du monde. La vraie question est la suivante : pour quelle raison introduirait-on une taxe au niveau mondial, alors que l'on ne parvient même pas à l'introduire dans 10 pays membres de L'UE ? Même Schäuble sait que, à l'exception de ce petit groupe, aucun pays  n'est intéressé. Les critiques sur la proposition de Schäuble ne se sont pas faites attendre. Visiblement il n'y a aucune volonté politique de finaliser le projet. "Un accord mondial est une illusion. Il semblerait que le projet soit reporté pour une période indéfinie," selon Detlev von Larcher, représentant de Attac.

 

Au final les investisseurs privés paieront la facture

 

A l'origine, les partisans du projet souhaitaient déjà introduire la taxe en 2014. Cela n'a pas abouti, notamment suite au retrait de l'Estonie. Il est légitime de se demander si la taxe Tobin sera jamais introduite. De plus, les experts en la matière ne sont pas convaincus qu'elle soit réellement utile. Des essais dans des pays comme la Suède dans les années 80 ont déjà prouvé l'inefficacité de l'idée. Une chose est certaine : ce serait la prochaine imposition que les investisseurs privés auraient à payer. Et ils ont déjà bien assez de mal à préserver leur épargne pour la retraite.

 

 

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